Conseils aux candidats par Jean Flamion et René Lérou
Vous avez décidé de présenter une de vos œuvres au concours et nous vous en félicitons.
Cette démarche signifie que vous vous mettez volontairement en compétition avec d’autres
auteurs. Il ne s’agit donc pas de tester vos aptitudes, de "voir si" , mais bien de vous mesurer
à des concurrents déjà aguerris.
Pour vous aider à réunir toutes vos chances de réussite, voici quelques conseils de mise enforme et de présentation. Si votre texte est déjà écrit, nous vous conseillons de le revoir en tenant compte de ce qui suit.
Vous avez seul(e)le choix de la section dans laquelle vous désirez concourir ; alors, avant toute chose, relisez attentivement le règlement du concours, lequel précise les conditions d’admission d’un manuscrit dans telle ou telle section. Le jury n’a pas le droit de contredire votre décision, et c’est ainsi que, chaque année, plusieurs des œuvres présentées sont refusées pour cause d’erreur de section.
Bien entendu, établissez un plan, au moins dans votre tête. Vous éviterez ainsi les redites agaçantes pour le lecteur, les digressions qui le déroutent et lui font "perdre le fil", de même que les longueurs inutiles : une phrase trop longue peut toujours être divisée, ce qui permet souvent d’en renforcer la logique.Si vous écrivez un conte, une nouvelle ou un récit,suivez scrupuleusement l’ordre chronologique des faits. Nous savons bien que les retours en arrière sont à la mode au cinéma ; ils doivent être exceptionnels et justifiés en littérature.
Écrire est une affaire sérieuse ; on ne part pas "bille en tête", on réfléchit, on se pose les questions : « D’où partons-nous, où allons-nous, par où passerons-nous. » Vos lecteurs sont prêts à vous emboîter le pas mais si vous divaguez,ils vous quitteront... le jury aussi !
Œuvres en prose
Lorsque vous rédigez, évitez les tournures vagues et imprécises, les termes passe-partout : faire, avoir, mettre, rester, homme, chose, etc., qui sont à l’écriture comme les couleurs délavées et grises à la peinture. La moitié du temps de rédaction doit être consacrée à la recherche du mot "juste", celui qui permet une expression exacte de la pensée. La longueur elle-même de la phrase doit être adaptée au sujet traité ; si vous relatez une action ou une succession d’actions, usez de phrases courtes, lapidaires. Ex : « Il frappe à la porte, entre, salue les convives déjà attablés et,sans plus de cérémonie, s’assoit au milieu d’eux. » Ici, à chaque acte correspond un verbe. Mais si vous voulez exprimer une pensée ou décrire un décor, préférez des phrases plus longues. Évitez cependant, en pareil cas, les lourdeurs de style, consécutives à l’accumulation de propositions subordonnées, grandes consommatrices de verbes et de leurs satellites, souvent pesants : pronoms et conjonctions de toute nature, adverbes en "ment". Un bon moyen d’alléger votre style consiste à remplacer le verbe de la subordonnée par un substantif de même famille. Ex. au lieu d’écrire : « Il ordonna qu’on mît immédiatement à mort le coupable », dites : « Il ordonna la mise à mort immédiate du coupable ».Voilà pour la forme ; quant au fond, au thème de votre écrit, c’est à vous, à vous seul(e) de
le choisir et de l’exprimer ; mais soyez clair(e),précis(e), intéressant(e) et si possible
original(e). Ce sont la précision des termes et la concision de la phrase qui font l’élégance du
style. Exactement le mot qu’il faut et les mots qu’il faut, presque tout l’art d’écrire est là ; le
reste est affaire d’imagination et de raison.
Votre rédaction terminée, relisez votre texte plusieurs fois, dont une, si possible, à haute voix
comme le faisait Flaubert, lequel s’était réservé à cet effet une pièce appelée le « gueuloir ».
Il "s’écoutait écrire" ; nombre d’auteurs, aujourd’hui, usent d’un magnétophone. Ponctuez
avec soin. Ajoutez peu, ôtez beaucoup. Vérifiez la qualité de votre syntaxe. Faites la chasse
aux fautes d’orthographe. Et puis, si vous le pouvez, soumettez votre texte à la lecture d’un
de vos proches dont vous appréciez la compétence, demandez-lui une critique sincère et
essayez d’en tenir compte.
Votre manuscrit, proprement dactylographié, est maintenant prêt à l’envoi ; nous lui souhaitons bonne chance.Poésie
La plupart des conseils qui précèdent peuvent s’appliquer à la poésie, mais sans doute avec moins de rigueur.
Si vous avez opté pour la poésie régulière, respectez bien les règles de la prosodie (rimes, hiatus, césures, nombre de pieds, etc.).
Soyez original(e), ne tombez pas dans les redites,les "déjà dits", imagez votre style, recherchez la musique des mots, toutes choses qui se ressentent et ne s’expliquent pas. Mais là est le talent.
Si vous avez préféré la poésie dite libérée, voilà un art difficile qui, contrairement à ce qu’on
pourrait croire, comporte également des règles : syntaxe, originalité, respect de la langue, choix des mots, développement du thème choisi... La faute le plus souvent commise par les débutants est de croire qu’il suffit d’aligner des mots pour son propre plaisir. Même si l’inspiration et l’imagination sont prépondérantes,elles n’excluent pas le travail, la recherche,ceux-ci ne devant pas apparaître lors d’une lecture, puisqu’ils auront abouti au façonnage d’une œuvre naturelle, spontanée, instinctive, suggestive (et non explicative), les pieds au sol et la tête au ciel. ***
N’oubliez pas, enfin, que le jury du concours est constitué de lecteurs avertis qui jugeront
vos écrits en se fondant sur les principes exposés plus haut. Le travail d’écriture demande
beaucoup d’efforts et de patience mais nous pouvons vous assurer qu’il prépare de grandes
joies. Alors, bon courage !